Aborder la bande dessinée

Je suis une vraie amatrice de bande dessinée depuis à peu près deux ans.  En 2014/2015, je travaillais dans une médiathèque et j’ai eu pour mission de refaire le rangement des séries des bandes dessinées adultes. Cela m’a permis d’en lire pas mal et j’ai vraiment accroché à cette forme de littérature qui allie visuel et texte. Du fait de son format, une BD se lie relativement vite ce qui permet d’enchaîner les plaisirs. Il n’en fallait pas moins pour que je succombe !

Pour commencer, je pense qu’il est pertinent de définir la bande dessinée et ses différents univers.

La bande dessinée est un secteur de l’édition qui regroupe différents genres. On retrouve trois principaux genres : le manga (la bande dessinée japonaise), la bande dessinée franco-belge et les comics.

Je ne lis pas de mangas et m’y connais très peu dans ce domaine donc je vais plutôt m’attarder sur les deux autres.

Le franco-belge

La bande dessinée franco-belge  c’est Tintin, Lucky Luke ou Astérix, un format indémodable qui est issu de la production d’artistes et de maisons d’éditions belges et françaises. La bande dessinée en tant que telle n’est pas née dans ces deux pays mais le style franco-belge est une référence majeure dans l’univers de ce médium.  Désormais, sur les étagères des libraires, Les grands noms historiques du franco-belge (Goscinny, Hergé, Loisel…) côtoient de nouveaux venus qui viennent rafraîchir le genre notamment avec de nouveaux styles de dessins et de nouvelles techniques d’impressions et l’assistance du numérique qui participent à un renouveau du graphisme: la série Nains par exemple fait la part belle à ce renouveau graphique. Le principe de ligne claire ou « style tintin » disparaît de plus en plus au profit de  nouvelles choses : une narration moins linéaire, un dessin avec des traits moins tranchés. De nouveaux auteurs comme Zidrou et Lupano proposent des scénarios plus atypiques et inventifs.

Les comics

Au départ on avait les « comics strips » ou littéralement « bandes comiques » c’étaient des histoires à l’origine humoristiques qui se déroulaient sur à peine quelques cases et qui étaient publiées dans la presse américaine. Avec le temps vinrent les comics books : des fascicules où une histoire est développée sur plusieurs pages et non plus quelques cases. L’arrivée des comics books changent la done car du fait de leur format fascicule sur plusieurs pages, les auteurs ont plus d’espace pour élaborer des histoires plus abouties et aux scénarios plus complexes. Ce nouveau format de création participera à l’émergence des histoires de supers-héros auxquelles on associe encore aujourd’hui les comics américains. De nos jours, quelques publications stars sont désormais éditées aux Etats-Unis avec une couverture rigide. Ce format dur est celui qu’on retrouve le plus en France, néanmoins certaines histoires de supers héros sont éditées en fascicules dans la presse et dans les librairies françaises à la manière américaine.

THE BIG BANG THEORY
l’équipe de The Big Bang Théorie chez leur libraire

Les comics au format « hard cover » (couverture rigide) sont bien plus épais mais gardent les mêmes dimensions que leurs homologues américains ce qui leurs confèrent une prise en main très agréable sans le côté encombrant du franco-belge pour ma part. Les histoires de supers héros sont encore très présentes mais il y a une vraie richesse éditoriale dans ce genre qui demeure mon préféré !

On observe avec le temps une perméabilité entre les différents genres de la bande-dessinée. Par exemple, des auteurs japonais s’inspirent du modèle franco-belge. Le mangaka Jiro Taniguchi, qui nous a malheureusement quitté récemment, appréciait la liberté des auteurs franco-belges pour leur rythme de publication plus souple et moins enfermé dans des carcans et des standards narratifs comme peut l’être le manga. Les œuvres de Jiro Taniguchi sont très travaillées et plus denses que des mangas classiques. En s’extirpant des normes du manga, il prend le temps de développer sa maîtrise du dessin et du scénario.

De la même manière, les franco-belges sont aussi influencés par le modèle américain actuel : la narration est beaucoup moins linéaire, la chronologie n’est plus respectée à la lettre etc…

Focus sur quelques points relatifs à la bande dessinée

Illustrateur et scénariste

En bande dessinée, il y a deux sortes d’auteurs. D’un côté nous avons le scénariste qui pose le squelette, la trame narrative de l’oeuvre. Ce scénariste travaille en étroite collaboration avec l’illustrateur chargé, quant à lui, de mettre en dessin le scénario. Il faut noter que certains auteurs sont à la fois illustrateur et scénariste.

Le roman graphique et la bande dessinée indépendante

Le roman graphique est un hybride de la bande dessinée qui floute encore plus les frontières entre la littérature « standard » et la bande dessinée. En effet un roman graphique sera bien plus conséquent  en termes de densité d’écriture et de pages que du franco-belge ou des comics. Le roman graphique peut se développer sur plusieurs tomes comme par exemple la stupéfiante série Blast de Manu Larcenet.

De son côté, la bande dessinée indépendante représente des éditions au catalogue plus sélectif, restreint et expérimental par rapport aux grands éditeurs habituels de bandes dessinées. Ces éditeurs particuliers produisent des objets éditoriaux novateurs et originaux (de qualité ou non) qui se démarquent de la production classique. C’est pourquoi je fais le rapprochement entre roman graphique et bande dessinée indépendante : ce sont deux éléments du paysage de la bande dessinée qui sont assez particuliers pour qu’on les associe. De plus les romans graphiques sont souvent le fait d’éditeurs indépendants. Néanmoins, des éditeurs plus conventionnels se mettent de plus en plus à publier des œuvres originales : la série Blast est ainsi édité chez Dargaud, un grand éditeur de BD.

La BD blog

La Bd blog est un phénomène récent. Ce sont des œuvres qui s’inspirent d’un travail d’illustration initialement mis en ligne dans un blog avant d’être publié sur papier. Je connais principalement Margaux Motin et  Diglee dans ce domaine mais il en existe pleins d’autres ! Prenons aussi l’exemple du roman graphique Carnets de thèse de Thiphaine Rivière ui était à l’origine un blog qu’elle tenait pendant ses études supérieures afin de décrire l’enfer de la thèse : le matériau initial était en ligne puis il a muté en roman graphique sur papier.

 

Conclusion

La bande-dessinée est composée d’une multitude de formes différentes ce qui permet véritablement à chaque lecteur de trouver son bonheur dans la production actuelle. J’adore les comics et les romans graphiques  mais apprécie vraiment de plus en plus les nouvelles publications en franco-belge. Il ne faut pas hésiter à être curieux, à feuilleter une BD pour voir si le dessin nous plaît, si le ton nous convient et si le scénario est prometteur. Dans mon cas, j’aime souvent les couleurs saturées et ai du mal  avec le noir et blanc mais parfois je tombe sur des pépites qui divergent totalement de mes préférences habituelles alors je le répète : feuilleter, fureter et n’hésitez pas à demander conseil à votre libraire !

A bientôt !

 

Merci à mon chéri Kévin, libraire spécialisé en bande-dessinée de m’avoir éclairé sur certains points.

Pour aller plus loin :

→ http://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/232-histoire-generale/5016-histoire-de-la-bande-dessinee.html

→ http://www.tintin.free.fr/dossiers/?choix=artgraphique

 

 

4 commentaires

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