Charmed est ma série préférée entre toutes. J’ai un véritable affect pour elle. Comme Harry Potter, elle fonctionne comme une madeleine de Proust qui m’apaise. L’univers des sœurs Halliwell je le connais quasiment par cœur et je m’y sens chez moi. Suite à divers événements, il m’a semblé nécessaire d’écrire autour de cette série que j’adore, pour la défendre mais aussi pour souligner ces défauts. Bref pour faire la part des choses.
La première étape qui m’a amené à penser différemment est un article de Madmoizelle où la série était descendue en flèche de manière virulente. Ma première réaction a été le rejet puis je suis allée voir dans les commentaires. La majorité des personnes pensaient comme moi que l’article était vraiment dur mais qu’il soulevait des points intéressants. Les gens du forum expliquaient également les raisons qui les faisaient aimer Charmed, raisons que j’ai parcouru avec enthousiasme, cela va sans dire. En tout cas, cela m’a amené à me poser des questions. Questions entérinés par un ami qui m’a poussé également à prendre du recul par rapport la série. J’en ai conclu que Charmed a effectivement participer à l’essor de mon féminisme et qu’elle possède de vraies qualités que je m’attacherai à expliquer dans cette première partie qui traitera des personnages et dans une seconde qui portera sur l’univers et les références de la série. Dans un troisième temps, j’aborderai les défauts et les limites du féminisme de Charmed, ainsi que la question du reboot en cours de réalisation.
Bon déjà ça parle de quoi Charmed ?
On y suit les aventures d’une fratrie de sorcières, les sœurs Halliwell, qui sont les dépositaires d’une grande puissance : le pouvoir des trois. Ensemble, elles forment un rempart solide contre les « forces du mal ». Leur vie intense est rythmée par les batailles contre les démons et créatures malfaisantes, au milieu desquelles elles tentent de vivre leur vie personnelle.
Le féminisme de Charmed : des héroïnes modernes et solidaires
Des femmes modernes à la mission difficile
Des héroïnes auxquelles on peut s’identifier
Si Charmed a eu un tel impact sur moi c’est parce que c’était la première fois que je voyais un trio principal exclusivement féminin. Charmed fait partie de cette vague de séries des années 90 qui ont commencé à proposer des héroïnes. On citera la mémorable Buffy, Dark Angel, Sex and the city etc… Buffy contre les vampires est d’ailleurs souvent présentée comme LA série féministe des ces années là. En plus du personnage de Buffy, le programme proposait effectivement d’autres protagonistes féminines fortes comme Willow, Tara, Faith ou Anya. Je reconnaît la qualité de cette série mais je n’ai pas accroché plus que ça (déso, ne me lancez pas des cailloux imaginaires merci). J’ajouterai que je connais peu Buffy et qu’il est donc fort probable que des éléments qualitatifs de Charmed soient aussi présents dans la série de Buffy contre les vampires. Pour autant, c’est Charmed que j’analyse donc on va se centrer elle.
Je trouve en premier lieu que les personnages de Charmed sont bien construits et intéressants. Chaque sœur a une personnalité propre et suit une évolution psychologique au cours de la série. On peut alors tous se sentir plus proche de l’une des héroïnes et s’identifier à son personnage. Pour ma part, j’ai toujours adoré Piper : son côté angoissé répondait au mien, j’appréciais sa douceur et ses pointes d’humour narquoises. Elle représentait, à mon sens, la fille « normale » qui existe un peu en chacune de nous. Du côté des personnages masculins, Cole est sans doute celui que je préfère car il est à mon avis le plus intéressant du fait de son ambivalence entre le bien et le mal. Néanmoins, les autres ayant des personnalités variées, il y en a pour tout le monde !
On peut tous s’identifier à un personnage peut importe son genre et le nôtre. Il suffit qu’on se reconnaisse dans ce personnage pour que la magie opère. Néanmoins, quand on est habitué à voir des héros masculins, il est agréable quand on se considère femme de voir des protagonistes à notre image : c’est à dire des héroïnes. C’est le premier pas important et Charmed, comme les autres séries citées plus haut ont permis l’existence de ces nouvelles figures héroïques qui ont fait du bien aux adolescentes que nous étions.
De la même manière, j’apprécie que la force des sœurs ne soit pas vu uniquement sous le prisme de la puissance brute ou de l’habilité au combat. Sans parler de l’aspect magique avec leurs pouvoirs, Phoebe et Prue, sont les seules à maîtriser le corps à corps mais ce n’est pas le cas de Piper ou de Paige qui ont d’autres qualités et je trouve que c’est important de le souligner. Je m’explique. Sous un prétexte d’égalité ou de girl power, on a souvent tendance à encenser des personnages féminins forts mais forts dans le sens « je te casse la gueule comme un homme » c’est donc encore une valorisation des caractéristiques dites « masculines » mais dans un emballage différent. Entendons nous bien, j’aime qu’on dise que les femmes peuvent faire pareil, de un parce que c’est vrai et de deux parce que le monopole de la force ça suffit. Malgré tout, il est important de valoriser d’autres qualités comme la compassion, l’intelligence, l’empathie et la capacité à s’écouter, propos que développe Charmed.
Par exemple, Léo, le compagnon de Piper et être de lumière des Halliwell (leur guide), n’a de cesse de répéter aux sœurs que leurs pouvoirs sont liées à leurs émotions et Phoebe développe même le don d’empathie. Les Halliwell ne sont pas des durs à cuire, elles sont humaines, elles sont vulnérables mais ce n’est pas présenté comme un défaut : c’est une composante qui les aide à l’introspection, à la réflexion, à l’écoute et qui fait d’elles de meilleures sorcières Le personnage de Léo défi lui aussi ce système de valeurs qui oppose les genres. Introduit d’abord comme un cliché d’homme viril à tout faire, il va se révéler être bien plus intéressant qu’il en a l’air, ses qualités premières étant le soin à l’autre et l’écoute, des caractéristiques qu’on attribue généralement aux femmes. La série propose donc des personnages humains et complexes avec une force propre à chacun et chacune, et ça fait plaisir.
Autour de ces notions je vous conseille l’excellent article de Mirion Malle que l’on trouve sur son blog Commando Culotte :
→ Mirion Malle – personnages féminins forts : bagarre mais pas seulement
La solidarité : la force des Halliwell et de la série
J’ai adoré le fait que les héroïnes soit des sœurs. Moi-même ayant deux sœurs, l’identification s’en trouvait renforcée. Ce lien particulier qui les unit est l’une des grandes forces de la série. Il participe à rendre l’intrigue, à mon sens, plus émouvante et profonde car chez les Halliwell, la famille c’est sacré ! Et ceci, au sens propre comme au figuré étant donné que leur famille impose le respect dans la communauté magique tout comme leur nom fait trembler le monde souterrain.
D’ailleurs cette affaire du nom est intéressante au sein de la série car, sous le prétexte magique, elle vient remettre en question la tradition patriarcale de la primauté du nom de famille masculin dans le mariage et donc ensuite dans la descendance. Dans le cas de Charmed, Piper et ses enfants continuent de se nommer Halliwell malgré le mariage de Piper et Léo. La raison étant que le nom est craint et respecté comme l’est d’habitude le nom masculin ! Précisons que Halliwell n’est pas le nom originel de la lignée des sœurs, il entre dans la famille par le mariage de Penny, la grand-mère, à un certain Allen Halliwell. Leur patronyme est donc obtenu de manière traditionnelle par le mariage mais ensuite les sœurs se l’approprient. En faisant des recherches, j’ai appris qu’en France on pouvait choisir (il n’y a donc aucune obligation) un nom d’usage post-mariage, qu’il soit celui de l’époux ou de l’épouse ! On en apprend tous les jours. Pour ce qui est des enfants, cela fait depuis 2005 qu’en France, la descendance ne prend plus automatiquement le nom du père. Les parents peuvent choisir un des deux patronymes ou les accoler pour faire un nom composé.
Le contexte familial dans ce qu’il a de négatif mais surtout dans ce qu’il a de rassurant est aussi présent dans un autre film de sorcières que j’aime beaucoup et dont je parlerai sûrement à l’avenir : Pratical Magic (ou Les Ensorceleuses en français). Ostracisées par les autres citoyens du fait de leur singularité, les femmes de la famille Owens sont particulièrement soudées : la famille est un refuge, le lien devient protection.
Sally et Gillian Owens
Petite précision : Dans Charmed (et dans d’autres), c’est la famille par le sang qui fait foi mais cela ne veut pas dire que la famille nécessite un lien de parenté. La famille peut se choisir et se composer : l’amour et la solidarité n’a pas de restriction quant à des liens du sang. La sororité des sœurs, au sens propre comme figuré, doit être vu comme un cadre, un contexte qui sert la psychologie des personnages mais aussi l’intrigue (les pouvoirs des Halliwell se transmettent via la filiation par exemple, idem chez la famille Owens).
Enfin, le pouvoir des trois, ce lien indéfectible qui fait des sœurs les plus puissantes sorcières de leur temps est une merveilleuse métaphore de la solidarité féminine. Quand les sœurs sont divisées à cause de graves disputes, le pouvoir s’estompe. Il est présent à son maximum, uniquement quand les sœurs sont unies. La maxime « l’union fait la force » ne pourrait avoir plus belle illustration magique. La force du collectif est également mis en avant dans Buffy : si la Tueuse a su sortir son épingle du jeu c’est parce qu’elle était entourée de proches qui l’ont aidée et soutenue.
Des femmes modernes, héritières d’un passé complexe
Au contraire de Buffy contre les vampires, les sœurs Halliwell sont adultes et en cela elles ont des problématiques différentes. Non pas que Buffy est ses comparses n’ont pas de problèmes, seulement dans le cas des Halliwell, l’une des problématiques récurrentes est justement la gestion complexe de leur vie professionnelle/sociale/amoureuse/familiale/magique.
La série montre des femmes qui ont un emploi, qui ont de l’ambition, des aspirations mais qui désirent également mener une vie personnelle, sexuelle (et ne s’en cachent pas donc un bon point côté féminisme) amicale et familiale. Femmes et sorcières en plus, je trouve que les sœurs Halliwell sont une métaphore de la pression que subissent les femmes modernes dans leur volonté de tout conjuguer. Il faut tout être à la fois, tout faire bien et souvent faire plus alors même qu’il y a encore des disparités dans le traitement sociétal des femmes et qu’on est loin de l’égalité. Au cours de la série, les sœurs font ainsi face à des personnages ou des comportements sexistes. Par exemple je pense à Phoebe qui se retrouve confronter à un homme misogyne qui méprise son travail et remet en cause la légitimité de ses conseils au sein de sa rubrique. Ces confrontations ne sont pas centrales mais émaillent de ci de là la série et participent à intégrer le quotidien des sœurs dans une société patriarcale.
Les Halliwell, ont le devoir de protéger les innocents. Elles incarnent un peu le fameux poncif « de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités ». Elles sont nées avec ces pouvoirs et doivent composer avec ce qu’ils impliquent, à savoir lutter contre le mal et sauver un grand nombre de personnes, tout le temps. De fait, je trouve qu’elles s’inscrivent dans la droite lignée du rôle historique de celles qu’on a appelé sorcières. Ces dernières étaient des guérisseuses, très souvent des sages femme et les citoyens les consultaient pour leur savoir empirique.
« Celle que l’on appellera plus tard sorcière ne porte pas immédiatement ce nom funeste : elle commence par emprunter un visage plus aimable, celui de la guérisseuse, de l’herboriste, de la sage-femme. Véritable alternative à la médecine légale, elle est celle qui maîtrise les plantes et l’univers mystérieux de la santé féminine » Julie Proust Tanguy, Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin
Les Halliwell endossent en quelque sorte un rôle similaire où elles représentent un rempart, un savoir qui permet de secourir. Cet aspect-ci de leur tâche est donc positif car il revalorise la figure de la sorcière, longtemps pointée du doigt et décriée car marginale. D’un autre côté, ce destin auquel elles ne peuvent se soustraire peut être vu comme la métaphore d’une chose qu’on impute aux femmes : la charge de tout ce qui a trait au « care ». Le « care » est le terme anglais qui traduit le fait de prendre soin des autres, de faire attention au bien être d’autrui : « to take care » signifie « prendre soin »
Du fait d’une vision clichée (et sexiste) qui persiste à voir les femmes comme d’éternelles maman, la société (ou le patriarcat) poussent les femmes vers des professions qu’elle estime adéquates pour elles où ces dernières pourront exercer leur « nature soignante et relationnelle » mais toujours de façon subordonnée hein car il ne faudrait pas qu’elles fassent n’importe quoi. Car c’est bien connu, la femme puisqu’elle peut enfanter, est apte à prendre soin de tout le monde mais évidemment, du moment qu’elle reste à sa place, c’est-à-dire soumise à une autorité supérieure, souvent masculine (d’où des couples de subordination récurrents comme sage-femme/gynéco-obstétricien ou infirmière/médecins).
Les professions liées au « care » (le social, l’aide médicale , la puériculture, la maternité…) sont donc souvent liées au féminin et les hommes sont encore peu nombreux à s’y diriger: en janvier 2010, 87,4 % des postes d’infirmièr(e)s sont tenus par des femmes par exemple. Vous trouverez dans les sources un texte qui étudie la place du masculin dans le soin, une analyse éclairante des rôles genrés intériorisés avec pleins d’infos intéressantes que je n’ai pas le temps de développer ici. Je glisserai aussi quelques livres autour de la sorcière et de son histoire si ça peut vous intéresser.
À mon sens, les Halliwell incarnent cette charge du « care ». Elles font souvent passer les autres en premier et sont constamment inquiètes pour leurs protégés. On peut également citer que deux d’entre elles exercent une profession liée au care : Paige est longtemps assistance sociale tandis que Phoebe donne des conseils et s’oriente vers un diplôme de psychologue. Léo, dont j’ai parlé précédemment, est lui aussi dans une démarche de soin et de protection mais la différence est que ça vient de lui. En effet, si Léo est devenu un ange/être de lumière c’est parce qu’au cours de sa vie mortelle, il a montré une propension à soigner et à prendre soin d’autrui. Les sœurs à l’inverse, héritent de ce bagage. Leur rôle de sorcières est un devoir, pas une sorte de vocation comme dans le cas de Léo.
Les sorcières doivent vivre avec ce poids, ce fardeau qui leur a parfois tant pris. Les morts dues aux démons sont nombreuses au sein du clan Halliwell : leur mère Patty et leur sœur aîné Prue y laisseront la vie. Il y a alors la notion du sacrifice : ces femmes se mettent perpétuellement en danger pour aider les autres. Je trouve donc que leurs tentatives de se rebeller contre leur sort et d’abandonner la magie lors de certaines saisons sont compréhensibles et participent à une évolution réaliste des personnages. Leur mission de vie est un sacerdoce éreintant qui le serait pour n’importe qui, d’autant plus qu’elles n’ont pas eu le choix. Et j’ajouterai qu’elles en retirent peu de bénéfices étant donné les règles puissantes auxquelles elles sont soumises. D’une part il y a celle qui limite l’usage de la magie à des fins personnelles. Cette notion est particulièrement développé dans l’épisode de la saison 2 « Chasse aux sorcières ».
On y montre le possible désastre qui attendent les sorcières si elles outrepassent les règles : elles finissent sur le bûcher, comme avant. Les fondateurs représentent également une autorité toute puissante qui se veut morale mais est surtout autoritaire. En effet, les fondateurs n’hésitent pas à interférer dans la vie personnelle des sœurs ce qui a failli plusieurs fois détruire le couple de Piper et Léo.
Du féminisme à la misandrie ? Une accusation à mon sens infondée
La misandrie c’est la misogynie inversée : soit une aversion du genre masculin. Charmed est centrée sur des protagonistes féminines : les sœurs Halliwell. La série inverse alors un paradigme ancré, ce qui peut perturber et pousser à prêter au show des intentions qui ne sont pas les siennes.
Et ouais on en impose alors ça perturbe
Les accusations de possible misandrie autour de la série portent sur trois points principaux. Voyons les ensemble !
Le premier concerne une opposition des genres dans la catégorisation du Bien et du Mal. En effet, statistiquement les sœurs combattent plus souvent des démons ou créatures malfaisantes masculines. Charmed est selon moi une métaphore de la société, et ce d’autant plus qu’elle a choisi notre époque contemporaine pour se dérouler. Ainsi tout comme les sœurs représentent le conflit et la difficulté des femmes d’aujourd’hui, la série illustre une autre composante de notre monde : les hommes sont plus concernés par la criminalité que les femmes. Ce n’est pas parce que les hommes sont mauvais, absolument pas. Cette triste vérité est entièrement la faute de l’éducation et de la société qui valorise les comportements compétitifs et agressifs chez les individus masculins. Si vous ajoutez à cela une pression supplémentaire, qui à l’inverse, dévalorise chez les hommes la manifestation d’émotions comme la tristesse ou la vulnérabilité, vous avez alors un terreau fertile qui pousse ces derniers à se conduire de manière préjudiciable. De la même manière, ce sont souvent les hommes qui sont aux postes de pouvoir, que ce soit dans le domaine politique ou autre. Il n’est pas non plus étonnant que des démons se hissent à des postes clés afin d’asseoir leur ascendance sur Terre en dehors du monde souterrain.
Conformément à la réalité de la société, ces personnes de pouvoir sont souvent des hommes et donc des démons masculins (dont les sœurs iront botter les fesses). Enfin et ce n’est pas à négliger, les sœurs sont toutes les quatre hétérosexuelles, désirent trouver chaussure à leur pied et fonder à terme une famille (j’aborderai ce point particulier dans la partie 3). De fait, un bon moyen pour les approcher (pour mieux les zigouiller) est celui de la séduction. C’est pourquoi nombre de démons ont été des prétendants des sœurs (Jérémie et Cole Turner pour citer les plus connus). Les démons masculins en plus grand nombre représentent donc une réalité sociétale. POINT.
La seconde accusation de misandrie concerne la grand-mère des soeurs, Penny Halliwell. Cette dernière a en effet souvent mis en garde ses petites filles à propos des hommes et s’en méfie comme de la peste. Sa réaction est due à son expérience personnelle foireuse. Plusieurs fois mariée et plusieurs fois déçue en amour, Penny en veut également beaucoup à Victor, le père des sœurs. Suite à la mort de Patty, leur mère, Victor les a abandonné et les a laissé à la charge seule de leur grand-mère à cause d’un profond différend entre eux sur l’éducation des filles. Penny est effectivement misandre mais elle est surtout méfiante car elle a à cœur de protéger sa famille. Et ce, même depuis l’au-delà, quitte à ensorceler de son vivant une de ses bagues pour que quiconque la passe au doigt se retrouve piégé dans le rôle d’une femme au foyer modèle des années 50. Fameuse bague dont Piper et Phoebe ont fait les frais ! Cette suspicion, parfois démesurée je l’accorde, amène Penny à presque renier son petit-fils Wyatt lors de son baptême magique. Alourdie par sa méfiance et décontenancée par la naissance du premier bébé mâle de la lignée, Penny refuse dans un premier temps de baptiser l’enfant et donc de lui faire bénéficier de la protection de ses ancêtres . Néanmoins, dans ce fameux épisode du baptême, en affrontant un ancien amant et démon, le Nécromancien, Penny finit par résoudre son rejet de la gente masculine et accueille avec bonheur son petit-fils dans le clan Halliwell.
Il ne suffit pas de pointer du doigt la présence d’un personnage misandre dans la série pour l’en accuser toute entière. Tout dépend de comment le sujet est traité et résolu. En l’occurrence, Penny change d’avis et comprend son erreur. Et puis, en passant, je signale que dans le dernier épisode de la série on remarque que Wyatt et son frère Chris, des hommes donc, ont pris la relève des sœurs dans le combat contre les démons. Avec leurs cousins et cousines, tous sont unis dans un même but, peu importe le genre. D’une certaine manière, c’est comme si la fin de la série redistribuait les cartes et ôtait du dos féminin la charge lourde du « care ». Charge qui se retrouve bien plus légère quand elle est partagée avec les homologues masculins : une promesse d’un avenir plus glorieux et égalitaire.

Le dernier point concernant la possible misandrie de la série tourne autour du désastreux épisode de la ceinture d’Hippolyte lors la dernière saison. J’expliquerai les défauts de cet épisode dans la partie trois car il témoigne d’un travers particulier de la série que je voudrais développer au-delà du seul épisode de la ceinture d’Hippolyte, à savoir l’essentialisme. Je comprends pourquoi cet épisode a fait grincer des dents : il est incroyablement maladroit. Je trouve cependant que son tort premier n’est pas tant la promotion d’une quelconque misandrie mais plutôt la transmission d’un message erroné autour de la notion de féminisme. Mais ce sera pour plus tard 😉
Ne manque pas la partie 2 où je développerai l’univers de la série et ses références !
Sources / Pour aller plus loin :
→ Texte « Infirmier, un métier de femme » par Romuald Edeyer
→ Livre : Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin, Julie Proust Tanguy, édition Les moutons électriques
→ Livre : Sorcières, sages-femmes et infirmières : une histoire des femmes soignantes, Barbara Ehrenreich et Deirdre English, réédition paru chez Cambourakis
→ l’article en question de Madmoizelle : http://www.madmoizelle.com/charmed-critique-276708
C’est article est très intéressant, je suis plutôt d’accord avec les points évoqués. Le fait que Penny soit misandre ne signifie pas que la série l’est, comme tu l’as souligné… Ces propos sont remis en question, moqués, et ne sont pas considérés comme normaux.
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Merci de ton commentaire! Voilà c’est exactement ça! 🙂
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