Équité, égalité – Le corps féminin : une anomalie

Ces derniers temps, des tas de choses s’agitent dans mon cerveau. Et c’est seulement il y a quelques jours que j’ai compris et mis des mots sur ce qui m’énervait : la différence du corps féminin.

Nous sommes différentes c’est vrai, mais en quoi cela est un problème ?

Le corps féminin n’est pas un corps comme un autre. Non il est celui qui est différent. Il est celui de la particularité, il n’est pas neutre. Notre pensée semble construite autour de l’idée que le corps de l’homme est la base, le modèle standard et que celui de la femme est le modèle en plus.  D’ailleurs beaucoup ne disent-ils pas les Hommes au lieu de dire les Humains ? De fait nous sommes différents, nous avons des corps différents mais le nœud du problème se situe bien là on la démarcation biologique se fait : la différence sexuée au niveau de la reproduction.

Quand on est une femme (cisgenre j’entends) on a généralement (sauf pathologies particulières) ses règles, on peut vivre le temps de la grossesse et on peut même allaiter. Notre corps possèdent des capacités, des options supplémentaires. C’est cette raison qui a souvent était invoquée pour nous fermer de nombreuses portes. Cet état, supposé « trop naturel » ou « trop organique », nous empêcherait selon certains d’investir le champ intellectuel. Dans l’Antiquité notre pauvre utérus était comparé à un organe mal intentionné qui pouvait migrer et voyager dans le corps et ainsi provoquer des changements d’humeurs : c’est le mythe de l’utérus dit « vagabond ». La solution pour éviter ces aléas ? Etre enceinte le plus souvent possible afin de lester le fameux organe pour qu’il reste bien à sa place. Pratique !

Ce mythe tenace (et la misogynie) a grandement influé sur la considération qu’avait les hommes sur le comportement des femmes. Au moindre écart, une femme qui est en faisait trop ou pas assez, on reportait la faute sur son utérus et donc sur le fait que …c’était une femme. Ces préjugés qui se voulaient scientifiques ont été cristallisés bien plus tard à travers le fameux concept de l’hystérie.

Hystérie, dépression: la santé mentale a-t-elle un genre? par Sophie Gourion – Slate

MAÏEUTIQUE – L’étonnante histoire de la théorie de « l’utérus mobile »

Utérus vagabond et règles empoisonnées : quand les médecins tentaient de parler du corps des femmes par Belinda Mathieu – Vice


« La femme est naturelle, c’est-a-dire abominable. »
(Merci) Charles Baudelaire (1821-1867)


Le corps féminin et sa physiologie sont ainsi au centre d’une dichotomie difficile à résoudre : il est différent mais aspire à la même considération d’un point de vue social et légal et ça, ça fout le bordel dans la réflexion.

Je trouve qu’une bonne illustration de ce conflit (interne au féminisme et pour la société en général) sont les différentes polémiques récentes au sujet des règles : la réflexion autour de l’installation d’un congé périodique et la volonté d’une gratuité des protections hygiéniques. Pour le congé, d’un côté je trouvais cela pertinent car les règles peuvent parfois vraiment être incommodantes car très douloureuses (encore plus pour les femmes malheureusement concernées par l’endométriose et je rappelle que c’est 1 femme sur 10) mais surtout subies car avoir ses règles ce n’est pas un choix. La mesure me semblait donc a priori équitable. Or il y a eu de nombreuses inquiétudes car, et c’est compréhensible, on avait peur que la mesure ostracise les femmes et les mettent dans une position qui viendrait malgré elles confirmer les préjugés sur leur faible productivité ou leur inaptitude au monde du travail. Un compromis intéressant (abordé dans un des trois liens ci dessous) serait alors de promouvoir le télétravail. Je trouve que c’est une idée intéressante surtout quand malheureusement on considère le risque de discrimination à l’embauche que ce congé pourrait provoquer. En plus, le télétravail en général serait bénéfique à tout le monde en cas d’indisposition (homme comme femme car le corps c’est imprévisible), et permettrait une réflexion approfondie sur le temps de présence et la vision du travail en général. De fait la vision productiviste et capitaliste du boulot c’est pas le Graal pour un accomplissement personnel et collectif. Bref ça se discute.

« Élise Thiébaut, auteure de Ceci est mon sang, pense que la première mesure concrète à instaurer en France, avant le congé menstruel et afin de libérer la parole, est l’installation de distributeurs de protections hygiéniques dans les entreprises, les lycées, les restaurants, les boîtes de nuit, et dans la rue. »

NON, LES FÉMINISTES NE DÉFENDENT PAS LE CONGÉ MENSTRUEL (perso c’est mon article préféré sur la question, et c’est de celui-là dont est extrait la citation d’Élise Thiébaut)

Congé menstruel: « Pas de règle pour les règles, libérons plutôt le travail »

Un congé menstruel ? Ça existe déjà en Asie. Et voilà comment ça se passe

De même il y a eu un vaste débat autour de la demande pour la gratuité des protections périodiques. De fait, encore une fois, avoir ses règles ce n’est pas un choix. C’est une chose biologique qui arrive tous les mois à la moitié de la planète (et pas à l’autre) alors pourquoi la dite moitié devrait-elle payer (et au final c’est pas des sommes ridicules quand on cumule le tout) à ses frais pour une différence qui n’est pas de son fait ?

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Ces deux propositions ont fait peur car elles pointaient la différence. Or la différence j’ai l’impression qu’on n’arrive pas à la penser de manière saine. L’article de CheeksMagazine l’explique assez bien : pas besoin d’aller jusqu’à un « congé spécifiquement menstruel », lever le tabou (faire comprendre que ce n’est pas dégoûtant et normal, éduquer les garçons), aménager l’espace de travail et créer des possibilités d’absences exceptionnelles pour tout le monde ce serait bien et tout aussi équitable ! On considère la différence comme preuve de faiblesse, une preuve que les femmes sont les « autres ». Or, tant que c’est uniquement par rapport aux hommes (et occidentaux bien souvent) que l’on établit ce qui est « autre », il y a peu de chance pour que les femmes s’en sortent (et pas qu’elles).

Un monde qui n’inclut pas le corps féminin

De fait ce sont les hommes et leur vision masculine (au sens culturel j’entends) qui ont façonné le monde car c’est entre leurs mains que se trouvaient (et se trouvent encore un peu trop) le pouvoir et la science. Pour preuve, ces faits incroyables qui montrent dans quelles mesures le monde a été créé par et pour les hommes (d’ailleurs merci à Marie Bongars sur instagram pour le partage de cette énumération étonnante) :

extraits d’un article de Ritu Prasad sur BBC : Sept raisons de croire que le monde est conçu sans les femmes

  • « La NASA était dans l’obligation d’annuler le voyage spatial avec un équipage entièrement féminin.Le personnel de l’agence spatiale s’est rendu compte, à la dernière minute, que la combinaison prévue pour Anne McClain, l’une des aéronautes, était inadaptée à son corps. »
  • « En 2016, l’armée américaine a commencé à recruter des femmes pour la constitution d’unités de combat qui étaient jusque-là réservées aux hommes.Mais les responsables militaires ont constaté qu’une bonne partie des équipements – chaussures et casques – était conçue seulement pour les hommes.D’autres équipements adaptés aux femmes ont par la suite été fabriqués. »
  • « Pour les simulations d’accident, les outils nécessaires ont été testés sans qu’on ait pensé aux femmes. Pendant des décennies, les mannequins ont été testés sur le corps masculin seulement.[…] C’est la même chose dans l’Union européenne où, « sur les cinq tests réglementaires qui existent, un seul spécifie que vous devez utiliser un mannequin [féminin], et vous l’avez sur le siège passager », souligne-t-elle. »
  • « La biologiste Jessica Mounts, directrice exécutive de la « Kansas Alliance for Wetlands and Streams », a déclaré à Chris Bell de la BBC que la plupart des équipements scientifiques qu’elle a utilisés étaient conçus pour les hommes. »Les problèmes causés ne sont pas simplement un ennui. (…) Les vêtements sont trop amples (…). Des bottes trop grandes ! Ça veut dire qu’on peut trébucher et tomber », déplore Jessica Mounts. Les équipements « conçus pour les femmes » coûtent souvent plus cher, « avec des poches plus petites et encore mal adaptées », constate-t-elle. »
  • « Ces défauts de conception concernent aussi l’environnement de certains endroits, qui peuvent être biaisés en faveur des hommes.La norme en matière de température de bureau aux États-Unis a été mise au point dans les années 1960, à partir du taux métabolique d’un homme moyen âgé de 40 ans et pesant 70 kg. »

En partageant ces informations autour de moi, deux personnes m’ont confirmé le manque de tailles différentes dans les équipements industriels quand il s’agit de morphologies plus menues (ce sont souvent les femmes mais ça peut tout à fait concerner des hommes). En l’occurrence, les gants ou blouses sont souvent trop grands, ce qui, au-delà de l’inconfort, peut s’avérer dangereux dans des professions avec des machines et de l’outillage.

Mais également savez vous que les symptômes les plus connus et les plus médiatisés de la crise cardiaque sont ceux éprouvés par les hommes ? En effet ils sont différents chez les femmes ce qui provoquent de nombreuses erreurs de détection et de diagnostics amenant une mauvaise prise en charge et à terme, un nombre accru de victimes alors que cela aurait pu être évité !

Santé- Magazine : Victime d’une crise cardiaque, elle avertit les femmes sur des symptômes peu connus

→ « Les femmes doivent s’alerter face à trois signes atypiques : la sensation d’épuisement, l’essoufflement à l’effort et les nausées. », explique-t-elle. Mais c’est justement le caractère atypique de ces signes qui contribue à une prise en charge trop tardive des médecins. Par ailleurs, « les femmes ont souvent tendance à sous-estimer leur douleur et à être dans le déni. C’est une véritable perte de chance, car elles se remettent moins facilement. Leurs artères sont plus difficiles à revasculariser, plus fines et plus fragiles que celles des hommes. », précise la FFC, pour qui la lutte contre les maladies cardiovasculaires chez les femmes représente une priorité de santé publique

C’est également en partie pour ces raisons que l’accouchement s’est trop médicalisé et détourné de la physiologie , les hommes ayant investi le champ de la gynécologie tout en tenant longtemps éloigné les femmes soignantes (alors qu’elles seraient quand même vachement mieux placées pour en parler). Toujours dans le domaine de la santé, j’ai trouvé très pertinente la réponse de Martin Winckler lors d’un entretien collectif chez Madmoizelle :

« La médecine pour des raisons historiques s’est construite autour de l’analyse et de la pathologie dans le corps de l’homme. Les femmes sont assignées à un ghetto qui est la gynécologie-obstétrique. Ça devrait être l’inverse pour des raisons très scientifiques : le corps d’une femme est soumis à plus de modifications au cours de sa vie que le corps d’un homme ( des modifications qui sont induites socialement et biologiquement). On devrait tous apprendre à partir de la physiologie des femmes car elle est plus compliqué. Si on apprend le compliqué, on saura le plus simple. C’est une posture scientifiquement justifié alors que pendant les cours on dit : et accessoirement chez les femmes c’est comme ça. »

Il faut penser la différence, l’accepter et la comprendre pour avancer avec elle. Se positionner comme un être différent ne signifie pas que l’on tombe dans l’essentialisation. Le problème ce n’est pas le corps féminin en lui-même, c’est la manière dont on le pense et surtout la manière dont les hommes le pensent.


En premier lieu, il nous faut bien comprendre qu’être différent ne veut pas dire inégal. Le contraire de différent est « semblable », « même ». Le contraire d’inégal est « égal » et non pas semblable. En voyant dans la différence la marque d’une inégalité, nous faisons faire un pas de côté à la langue sans nous interroger. Nous avons changé de registre, philosophiquement parlant, car la différence n’implique pas l’inégalité.

Si la misogynie et le sexisme n’avaient pas construit notre monde, n’avaient pas autant infusé notre société, on ne verrait pas ce qu’il y a de mal à une discussion sur les douleurs menstruelles au sein du travail ou à la gratuité des protections. On trouverait ça même plutôt logique en fait. Or le poids du regard sur notre corps et ce qu’il semble dire pour nous de notre capacité à être des citoyennes nous entrave et fait peur.

Le combat féministe butte parfois sur cet écueil : penser la différence et l’égalité. En pointant la différenciation des sexes on risquerait l’essentialisation et en voulant à tout prix la gommer on pointerait vers un monde égalitaire mais pas forcément équitable.

Egalitarisme et féminisme (article) de Louise Marcil-Lacoste

Comme l’explique Françoise Héritier, le corps féminin a été malgré lui la cause de son malheur. Les femmes et leur capacités (grossesse et allaitement) ont fait d’elles des ressources à surveiller et à posséder. Le sang qui coule entre nos cuisses et qui n’est pourtant le signe d’aucune blessure inquiète et interroge.

Le féminisme ne vise pas un monde sans particularités, il ne rêve pas d’une société lisse et complètement homogène. Il demande à ce que chaque personne puisse s’exprimer selon sa personnalité et ne soit pas discriminée pour ça : une société plus souple, moins binaire où chacun et chacune peut trouver une manière d’être et s’y sentir bien.

De même, l’importance du féminisme est de nous faire prendre conscience de la grande part qu’à la culture dans nos comportements. En tant qu’humains nous sommes des animaux bien plus culturels que naturels. Justifier une binarité, des cases toutes faites par l’argument du naturel n’a pas grand sens pour notre espèce. J’aime certains des traits ou comportements assignés à la féminité (le maquillage ou le fait de porter des robes/jupes par exemple) mais puisque je sais que c’est totalement culturel ça ne me choque pas de voir des mecs se maquiller ou des femmes ne pas le faire du tout. Idem pour les poils. J’ai conscience que le dégoût des poils féminins est une construction sociale, pour autant je me rase encore les jambes et sous les bras par convenance personnelle mais jamais il ne me viendrait à l’idée de critiquer une femme qui ne le fait pas. J’encourage tout le monde à prendre du recul sur ce genre de questions car il faut prendre  conscience de l’immense part induite par l’éducation et la société. Ensuite, chacun ses choix.

Maternité chasse gardée ?

En ce qui concerne le sujet de la maternité, je suis très heureuse d’être une femme et de pouvoir un jour, puisque tel est également mon choix personnel, connaître et vivre l’expérience de la grossesse et de l’allaitement. Je me sens chanceuse. Avoir mes règles, même si ce n’est pas une partie de plaisir, est un moment important pour moi car cela me relie à mon cycle et à mon corps qui fait son boulot.

La symbolique du cycle menstruel est d’ailleurs significative dans le paganisme et également dans la mouvance dite « du féminin sacré ». Je me suis toujours demandée dans quelles mesures cette célébration du corps féminin pouvait être problématique et j’ai fini par me dire que ce n’était pas grave, au contraire. Autant célébrer et être fières de ces particularités, de ces cycles, de pouvoir mettre au monde ou de nourrir son enfant.


« Les écoféministes, explique Emilie Hache, veulent pouvoir se réapproprier, investir et célébrer ce corps qui a été diabolisé (c’est le cas de le dire), dégradé et vilipendé pendant des siècles ; et elles veulent aussi pouvoir questionner le rapport guerrier à la nature qui s’est développé en parallèle. »

Sorcières, la puissance invaincue des femmes – Mona Chollet


L’important est de savoir que nous ne sommes pas que ça et également que certaines femmes ne les connaîtront jamais et qu’elles ne sont pas pour autant moins des femmes si telle est leur identité.  La féminité a milles visages et la symbolique qu’on veut bien lui donner. Je change au cours de mon cycle, mon humeur change ainsi que mes sensations corporelles. Cela signifie-t-il pour autant que je suis moins intelligente ? Moins apte à prendre des décisions ? Absolument pas. Il est là l’enjeu, il est là le but à atteindre : accepter que le corps féminin est un corps comme un autre avec ses particularités. Accepter que la femme est un humain au même titre que son homologue masculin. Et puis je voudrais pas dire mais c’est globalement les mecs qui ont dirigé jusque là et vu l’état du monde, un peu de pensée féminine (s’il en existe une) ça ferait peut être pas de mal non ?

Il y a parfois, du moins j’en ai l’impression, comme une sorte de jalousie chez les hommes par rapport à notre corps. Nous pouvons vivre des expériences qu’ils ne vivront probablement jamais. J’extrapole mais peut être cela a t-il participé à un ressentiment qui s’est mué en une injustice qu’il fallait nous faire payer. Une femme serait donc juste une reproductrice, ce sera là son unique potentialité car lui accorder une existence d’être à part entière ce serait avoir le beurre et l’argent du beurre et quand même faut pas déconner.


« Les femmes sont dominées non parce qu’elles sont sexuellement des femmes, non parce qu’elles ont une anatomie différente, non parce qu’elles auraient naturellement des manières de penser et d’agir différentes de celles des hommes, non parce qu’elles seraient fragiles et incapables, mais parce qu’elles ont ce privilège de la fécondité et de la reproduction des mâles. »

J’en était donc venue à me dire que peut être nous aurions la paix si plus rien n’avait lieu dans nos corps. Si nous laissions notre capacité reproductrice et notamment la grossesse aux mains de la technologie : entre autres via l’utérus artificiel par exemple, soit ce qu’on appelle l’ectogenèse. La science avance dans cette direction et ce sera peut être une réalité. Dans un article de Slate consacré à ce sujet, il y a ce passage très intéressant : « Comment, et en invoquant quels arguments, pourra-t-on interdire à des femmes, à des couples, d’avoir recours à cette possibilité dès lors qu’ils souhaiteront échapper de la sorte aux risques, aux contraintes et aux souffrances de la grossesse et de l’accouchement? L’émergence d’une machinerie utérine dans le champ du possible ou du probable nous permet de rendre plus lisible l’opposition fondamentale entre les féministes radicales (ou «libertaires») et celles qui le sont moins. Les premières plébisciteront les multiples potentialités offertes par l’ectogenèse. Les secondes jugeront cette technique inacceptable. »

Je pense que vous l’aurez compris, je fais partie des secondes. Je pense sincèrement que ce n’est en rien une solution. Ce serait au contraire la preuve que notre société est incapable de penser la différence et l’équité. La naissance se fait via le corps féminin, c’est un fait. L’allaitement est un processus qui se prépare dès la grossesse et qui évolue constamment suivant l’âge du bébé, c’est un fait. Cela se passe dans le corps des femmes mais cela ne veut pas dire que les hommes sont exclus.

Une très chouette chaîne YT avec des vidéos courtes mais efficaces

De plus en plus, on voit l’émergence de pratiques comme l’haptonomie par exemple où les hommes (ou les partenaires) participent activement. De même, un papa peut faire des tas de choses même s’il n’allaite pas (dans le cas d’un choix de l’allaitement). Le lien à son enfant se fera aussi car l’amour c’est infiniment plus vaste. Le rapport à la mère est particulier car c’est son corps qui a abrité cet enfant mais ça ne fait pas tout, loin de là !

le guide féministe de la grossesse hintikka rigouletJe souhaite une réelle prise en compte du temps nécessaire pour les deux parents suite à la naissance d’un enfant. Je souhaite que la mère et le père (ou l’autre parent) aient un congé parental égal et digne de ce nom. Le corps de la femme est impliqué totalement et doit donc se remettre mais l’amour lui n’a pas de frontières corporelles et les deux parents devraient avoir un temps assez long pour nouer une relation saine à leur bébé. Une parentalité plus équitable, plus harmonieuse et égalitaire se propage de plus en plus et je trouve ça merveilleux. Si l’appareil législatif pouvait suivre ce serait bien !

Nous n’avons rien pris. Nous n’avons pas choisi. Pourquoi nous punir pour un vol fantasmé ? Les femmes ont le corps qu’elles ont et nous n’avons pas à nous en excuser. Ce n’est pas à nous de faire un pas pour le délaisser, c’est à la société toute entière de faire un pas pour l’accepter et l’intégrer comme il est : juste un corps, le siège d’un être humain à part entière.

Aller à plus dans le chaudron !

 

8 commentaires

  1. paradisehunter35

    Très intéressant comme souvent.
    J’avais appris que la plupart des médicaments ne sont pas testés sur les femmes du coup les risques indiqués sur les notices ne valent pas en partie pour nous. Nous pouvons réagir d’une manière bien spécifiques à un médicament et nous retrouver devant un médecin qui va nous dire : « pas possible que ce soit le médicament ». je trouve cela particulièrement dangereux. De même une partie des médicaments que nous utilisons sont testés dans des parties du monde où les caractéristiques physiologiques des testeurs ne sont pas les mêmes que nous. par exemple si l’on teste un médicament sur un tibétain, les conséquences sur son corps ne seront pas les mêmes que sur les nôtre parce qu’ils ont une capacité pulmonaire (entre autre) bien différente de la nôtre dû à leur lieu d’habitat (la théorie de l’évolution de Darwin).
    Sur les habits, les tenues, c’est flagrant rien qu’au rayon bricolage ou jardinage. Moi j’ai besoin de gants et bien c’est la croix et la bannière pour en trouver ! J’ai des toutes petites mains. la cerise sur le gâteau est pour les gants de jardinage. Là j’arrive à en trouver mais la plupart du temps ils sont… rose. Absurdité quand tu nous tiens.
    Mais pour revenir au bricolage. Impossible de trouver une tenue ou des chaussures de sécurité. C’est incroyable de voir ça aujourd’hui.
    Cela me fait penser aux mesures prises dans les entreprises pour éviter les accidents de travail. la plupart de ces mesures sont prises dans des lieux où ce sont des hommes qui travaillent. Je pose un exemple tout simple : le port de charge.
    Quand vous travaillez dans une usine on va dire de l’industrie automobile par exemple, il va y avoir des indications sur le poids autorisé à porter au maximum. Des mesures sont même prises pour faciliter le port de ces charges comme des transpalettes.
    Allons dans un autre lieu de travail et là je vais prendre exemple dans ma vie. J’ai travaillé dans un magasin de décoration ameublement. Chaque semaine nous avions des livraisons de marchandises divers et une autre de meuble. Je prends pour exemple des assiettes en verre. Elles sont souvent très lourdes. Et bien, nous avions des cartons de 50 assiettes à prendre et déplacer (de la palette à l’intérieur du magasin, puis devant le rayon puis éventuellement dans la réserve pour ensuite revenir plus tard en rayon). Ces cartons étaient extrêmement lourds. Il n’y en avait pas qu’un et c’était un arrivage toutes les semaines. Le seul outil que nous avions à notre disposition c’était… nos bras ! Et puis la règlementation qui indique un poids maxi à soulever pour une femme et bien quand vous avez 15 cartons de ces assiettes à enlever d’une palette vous ne vous arrêtez pas pour dire : « j’ai fait mon quota » ! les cartons faut bien les rentrer !
    Et que dire des arrivages de meubles ? Quand vous avez une dizaine de palettes blindées de meubles dont parfois des canapés trois places convertibles sommier lattes… toujours uniquement vos petits bras de gonzesse ! Sans compter les déplacements dans le magasin. Imaginez cela toutes les semaines de l’année (moins cinq semaines de congés payés) pendant plusieurs années. Aucune protection, aucun outil pour alléger la charge, aucune précaution. Quelqu’un parle-t-il de cela dans les ministères ou à la télé ? Où sont les syndicats pour défendre les travailleuses ?
    Et je ne parle même pas des lieux dans lesquels parfois les femmes travaillent. Moi j’ai vu des commerces, fallait pas aller en coulisses : Totalement vétuste, sans sanitaire et j’en passe.
    Je me rappelle aussi au sein d’une autre enseigne, devoir escalader des structures métalliques à plusieurs mètres au dessus du sol pour changer des affiches au dessus du pôle caisse, et cela de façon régulière.
    En près de vingt ans dans ce domaine, j’aurai pu mourir plusieurs fois. En tout cas j’ai des séquelles puisque mon dos est bien amoché. J’ai fait mon premier lumbago a à peine trente ans.
    Je ne parle même pas de celles qui travaillent dans les salons et autres instituts où elles manipulent des produits toxiques. De même pour ces femmes qui travaillent dans le domaine du ménage en entreprise. En plus des horaires totalement invivables il faut composer avec les produits très toxiques et les outils souvent inadaptés.
    Il y a tellement de choses à dire sur ce sujet du travail.

    Quand tu parles maternité, je pense aussi au fait que c’est sur les femmes que le poids de la contraception a été mis. C’est à elle de prendre la pilule alors qu’il existe depuis des décennies une pilule pour les hommes. Et je suis sûre que de nombreux hommes aimeraient pouvoir contrôler leur paternité éventuelle. Cela ne tient pas à grand chose mais il faut une volonté et certains font tout pour que ce poids reste sur les épaules des femmes.
    C’est un peu différent sur le préservatif. Là étrangement c’est le masculin qui prime… certainement parce qu’il y a un aspect érotique dans le fait de mettre le préservatif sur le sexe de l’homme. Encore une façon détournée de rendre la femme pas totalement maîtresse de sa sexualité.

    Et puis pour finir, les règles. Je trouve cela très bien que les femmes commencent à en parler. Moi j’ai beau me dire être ouverte, féministe, les règles restent un sujet que je n’abordais pas jusqu’à très récemment. Voir ces jeunes filles et femmes comme toi en parler cela me fait réfléchir et prendre conscience de mon corps dans sa globalité.
    Je me rends compte que sans le vouloir je pense mon corps d’une façon qui n’est pas la mienne en tant que femme. Je regarde mon corps à travers des yeux d’hommes parce que mon endoctrinement sociétal est fait par les hommes et donc leur vision.
    Récemment j’ai par exemple pris en pleine poire que je voyais Marilyn Monroe (dont je suis une très grande fan depuis mon enfance) que par le prisme masculin. J’ai commencé à me dire : pourquoi je parle de sex-symbol en parlant de Marilyn ? Pourquoi j’associe le sexe à Marilyn ? Cette vision n’est pas la mienne mais celle véhiculée par des hommes pourtant je la définis comme cela…
    Enfin bref pour revenir aux règles, je suis de ce combat : inadmissible de payer pour quelque chose que je n’ai pas choisi. N’est-ce pas du pure cynisme misogyne de faire payer aux femmes ce que leur coprs est ?

    En tout cas merci encore une fois pour cet article. je pourrai monologuer encore pendant des heures tellement de choses me traversent l’esprit 🙂

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    1. lapetitecreature

      J’adore quand tu monologues ! Merci pour ton témoignage ! Je ne savais pas pour les médicaments, c’est complètement ahurissant ! Et je suis vraiment désolée pour les galères et les problèmes de santé que tu as traversé et que tu subis encore à cause de mauvaises conditions de travail.
      Il est vrai que c’est sur nos épaules que reposent la contraception en majorité et moi-même jusqu’à encore récemment je ne voyais pas le problème alors que clairement c’est pas très égalitaire. Ne serait-ce qu’en terme de coûts !
      Bravo pour ta prise de recul sur Marilyn, c’est en effet un très bon exemple de la prédominance du regard masculin !
      Encore merci pour ce chouette commentaire, qui est en plus très instructif ! 🙂

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      1. paradisehunter35

        Oui mais c’est tout de même mieux avec quelqu’un en face 🙂
        Il ne faut pas être désolée pour mes conditions de travail. Ce qui n’est pas normal c’est qu’à aucun moment un médecin a fait intervenir la médecine du travail ou m’a parlé d’accident du travail. Moi même à l’époque je n’en avais pas conscience. Si j’avais eu les même problèmes au sein d’une industrie, cela aurait eu d’autres conséquences et sans doute que mes problèmes de dos auraient été pris en cause dans les conséquences d’un travail inadapté. Le parcours de santé est alors transformé et donc dans mes recherches d’emploi cela aurait été pris en compte. En fait cela change beaucoup, beaucoup de choses. Mais tout le monde s’en fout parce que ce sont des domaines où les femmes sont majoritaires… Cela laisse un goût amère dans la bouche de voir à quel point nous ne sommes pas considérées.
        Cela me fait aussi penser aux produits de maquillage. En tant que consommateur nous commençons à prendre conscience que les produits qu nous utilisons notamment pour notre hygiène corporelle, sont plus que douteux. Des produits allergènes et autres ont été supprimés mais parle-t-on du maquillage ? Et bien non ! C’est un truc de gonzesse. Pourtant faut savoir que c’est absolument inadmissible les produits qui sont des les produits de maquillage. Par exemple en 2007 une étude aux USA sur des rouges à lèvres à montrer que l’on y trouvait des traces de plomb en quantité importante ! Sachant que nous savons depuis le 18ème siècle que le plomb est nocif pour la santé… Cela laisse perplexe.
        Il y a tant de choses qui ne vont pas. Concernant les tests de médicaments j’avais été abasourdie et horrifiée. Comment peut-on vendre des produits à toute une population qui ne sont testés que pour à peine la moitié ?
        Mais ne désespérons pas ! Les choses changent… un petit peu 🙂

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